Plateforme pour le bâtiment, le génie civil et les infrastructures
Terre d’échanges – un plaidoyer pour la prise de parole
Marie Lucas

Terre d’échanges – un plaidoyer pour la prise de parole

Il y a certainement de par le monde de plus grands creusets de sociétés mélangées, mais à l’échelle européenne, Luxembourg est assurément un lieu d’échanges intenses au croisement de cultures, de parcours de formation, de langues, de visions et de pratiques professionnelles différentes.

La plupart des jeunes architectes luxembourgeois ont fait leurs études à l’étranger. Actuellement, et pour la plupart, ils rejoignent – parfois sans transition dans le privé – les services des administrations qui sont nos donneurs d’ordre publics, et qui leur proposent des salaires que nous ne pouvons pas leur offrir. Comment leur en vouloir ? D’aucuns se posent la question de la durabilité du modèle, et de son décalage impressionnant, mais un rattrapage ne paraît pas d’actualité… comment l’imaginer d’ailleurs ?

Nos agences d’architecture sont dès lors malgré elles, mais non sans une certaine fierté, les lieux d’accueil et de formation des jeunes diplômés, luxembourgeois ou non, en espérant que l’espoir mis en leur potentiel de développement trouve un écho durable au sein de l’équipe. Dans notre agence, nous sommes actuellement issus de 12 nationalités différentes, mais concentrons toute notre activité sur le territoire luxembourgeois. Non pas que nous ne souhaitions pas exporter nos savoirs, mais les concours auxquels nous avons participé n’ont à ce jour pas offert de suite concrète, malgré les références accumulées au Luxembourg.

Confrontés à une perpétuelle remise en question des modèles de mission, et des équipes, cela pourrait nous faire du bien – au moins moralement – de compter sur une certaine solidarité de pratiques, partagée entre confrères, estimables, rencontrés au gré de groupes de travail, conférences, concours, voyages d’études.

Echanger spontanément et en toute honnêteté n’est pas l’apanage de tous les architectes : certains sont si curieux de savoir ce que vous faites, que leurs questions sont perçues comme inquisitrices envers votre clientèle, certains si réservés qu’on pourrait les soupçonner de préserver à outrance le secret de leurs activités. 

Ce n’est pourtant que grâce à une réelle culture d’échanges qu’une parole commune peut se former, et être entendue par nos donneurs d’ordre. 

Sur l’exemple des pratiques en vigueur en Allemagne, je me suis longtemps engagée au sein de l’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils pour revendiquer des textes unifiés pour nos prestations. Ils ont été récemment balayés par l’autorité de la concurrence, alors qu’ils étaient certes utiles à nos professions, mais aussi à une meilleure compréhension – harmonisée – des prestations par nos clients. La tâche de l’OAI est de relancer avec force ce plaidoyer auprès de tous les donneurs d’ordre, en proposant de nouveaux outils partagés d’estimation des honoraires. 

Aujourd’hui, en tant que Présidente du LUCA (Luxembourg Centre for Architecture), je voudrais contribuer à une prise de parole qui émerge par petites touches incitatives, ciblées, qualitatives, et qui agissent en douceur, mais de manière durable.

Nous devons créer un terreau propice, nourricier, pour de meilleurs décideurs et de meilleurs clients, souvent demandeurs d’exemples et d’outils à mettre en œuvre pour parvenir au meilleur projet.

Agir de manière positive, au lieu de pointer du doigt les procédures foireuses et leurs résultats non moins boiteux, identifier et mettre en avant les projets aux démarches délibérément orientées vers la qualité du résultat, c’est aussi rendre la parole aux architectes, et exposer leur démarche au service d’une Baukultur partagée.

Marie Lucas
Associé-fondateur de m3 architectes
Présidente du LUCA

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