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Les jardins publics, suppléments d’âme pour notre bâti
Isabelle Fischer

Les jardins publics, suppléments d’âme pour notre bâti

En 1972, Maxime Le Forestier évoquait déjà dans sa chanson « Comme un arbre » le peu d’intérêt porté au monde végétal en milieu urbain. Souvent utilisé pour combler les espaces résiduels inutilisables, masquer l’inesthétisme de certains éléments, voire totalement inexistant, celui-ci a régulièrement été le parent pauvre d’aménagements urbanistiques privilégiant à tout prix la rentabilité de chaque mètre carré.

La verdurisation des espaces publics prend un nouvel essor depuis quelques années, notamment suite aux changements climatiques observés à l’échelle planétaire. Aujourd’hui, les espaces verts sont intégrés dans la réflexion, apportant l’aménité à notre cadre de vie, le supplément d’âme nécessaire à un besoin de bonheur de vivre. Ils sont le complément indissociable du bâti, le cadre et le prolongement des centres urbains. 

Le jardin « au sens large du terme » est un art particulier puisqu’il est le seul à utiliser un matériel en constante métamorphose. Son support est la nature, mais domestiquée par l’homme ; ses techniques, ses fondements restent artificiels. Œuvre d’art en perpétuelle évolution, le jardin demande une attention constante et un entretien continu afin que la création artistique initiale ne disparaisse rapidement faute de soins. Il s’agit d’un équilibre délicat qui donne cette valeur si particulière aux jardins.

Le jardin d’aujourd’hui, comme celui d’hier, est porteur d’un message qui aide à comprendre le sens de la vie, son spectacle mouvant, changeant au fil des années, des saisons, doit émouvoir celui qui y pénètre : le bruissement du feuillage sous le vent, le murmure de l’eau qui ruisselle, le chant des oiseaux, le parfum léger d’un massif fleuri éveillent les sens du visiteur attentif. 

Les contingences de la vie actuelle et les usages contemporains initient de nouvelles fonctions des espaces verts. En effet, ceux-ci ne sont plus essentiellement utilisés comme des lieux de ressourcement et de promenade, ils peuvent accueillir de multiples activités culturelles, sportives et ludiques. Les occupations nécessitent dès lors des aménagements multifonctionnels en adéquation avec le milieu naturel afin que la cohabitation puisse être harmonieuse.

À l’heure où les préoccupations environnementales et écologiques ont pris une importance considérable, en raison des menaces qui pèsent sur la survie de certaines espèces, le débat principal porte régulièrement sur le type d’aménagement à privilégier, mais aussi sur le choix des essences à promouvoir. Le problème se pose notamment au niveau des parcs du 19e siècle où le renouvellement de végétaux exotiques importés ou devenus inadaptés oppose les tenants de l’authenticité et de la conservation du patrimoine végétal aux environnementalistes défenseurs de la biodiversité.

La vie d’un jardin est par essence fragile, car il s’agit de vivant. Le temps et les conditions parfois exceptionnelles infligent de la souffrance.  Rien n’est jamais figé. Certaines invasives laissent un désert après leur passage, des tempêtes couchent des arbres pluri centenaires, des sécheresses assoiffent les terres, le soleil trop ardent brûle les jeunes pousses…

En tant que fragment de notre planète, dont les surfaces sont soumises depuis la nuit des temps aux forces naturelles, mais également aux activités humaines, notre écosystème traverse une transition sans précédent dont les conséquences n’épargnent personne.

Le jardin de notre époque reste encore à créer pour répondre aux besoins particuliers et complexes d’une société en profonde mutation comme la nôtre.  

Isabelle Fischer
Attachée Architecte
Département des Infrastructures et du Développement durable de la Province de Liège

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