Chaque année, je me pose la même question lorsque j’arrive dans le pavillon belge du MIPIM. Pourquoi la Wallonie met-elle en vitrine une vingtaine de villes et communes, alors que la Flandre est représentée par ses deux métropoles d’envergure, Anvers et Gand ? Même si j’accorde un intérêt tout relatif à ce genre d’événement, il est représentatif d’un état d’esprit de représentation, d’organisation et de hiérarchisation du territoire.
Si la Flandre a longtemps été adepte de l’étalement urbain, aujourd’hui, force est de constater que ses politiques mettent en exergue ces deux pôles de développement métropolitain pour structurer le territoire.
Dans la dernière version du Schéma de Développement Territorial (SDT) wallon, nous pouvons enfin voir,ἀλληλούϊα (alleluia), que Charleroi et Liège sont considérés comme les deux pôles majeurs qui soutiennent les dynamiques socio-économiques de notre région.
Cette structuration métropolitaine est une des conditions pour que la Wallonie puisse au mieux se développer et – enfin – se positionner sur l’échiquier international.
« Pour exister dans un système économique européen et mondial largement animé par les dynamiques métropolitaines, la Wallonie a renforcé ses facteurs de connexions au monde et les a mutualisés en s’appuyant autant sur ses pôles que sur sa connectivité globale. » (SDT) Il ne s’agit pas d’oublier le reste du territoire, mais simplement d’imaginer ce que la Wallonie devrait être et lui donner une image limpide.
Une partie de la réponse a été rédigée par des personnes clairvoyantes au sein des équipes qui ont rédigé le SDT. Je retiendrai un élément qui me semble essentiel : « renforcer l’attractivité des espaces urbanisés ».
Si je me suis arrêté avant tout sur cet élément, c’est pour mettre aujourd’hui en évidence un mot qui a longtemps été relégué en second plan, l’espace. Dans le langage politique sont ancrés des mots tels que socio-économique, participatif, smart city,… La notion d’espace n’est que très peu appréhendée,
alors que la gestion spatiale de notre territoire est une matière à laquelle nos politiques sont confrontés quotidiennement. C’est un paramètre incontournable de l’équation de notre organisation territoriale.
Il est plus que temps de faire attention à la qualité de nos espaces si nous voulons aborder sereinement les défis qui nous attendent..
Les deux pôles majeurs wallons doivent devenir de véritables lieux de vie, suffisamment attractifs pour que l’on puisse accueillir l’accroissement démographique sans morceler, encore et encore, nos campagnes et territoires naturels.
Il est temps de soigner nos villes pour montrer qu’elles sont les premiers lieux de réunion des citoyens.
Des signes positifs et ambitieux apparaissent dans la déclaration de politique wallonne 2019-2024. Devons-nous voir dans l’annonce de la nouvelle fonction de Bouwmeester wallon une prise de conscience du politique en faveur de l’inévitable projection spatiale de notre région ?
C’est une victoire. Les voies sont ouvertes et le chemin reste à être tracé.