« Le choix de l’hybride va abaisser considérablement le seuil d’accès »
L’électrification des engins de chantier reste, même en 2025, un sujet brûlant dans le secteur de la construction. Un développement a pourtant été très peu évoqué jusqu’à présent : l’hybride. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, car l’entreprise néerlandaise Van den Heuvel vient de transformer, pour le compte de la société Cordeel, une grue Sennebogen 6113 équipée d’un moteur diesel Stage V en un engin entièrement électrique doté d’un prolongateur d’autonomie. Une première dans le Benelux et une innovation remarquable saluée également par Van Haut, distributeur entre autres de Sennebogen en Belgique. « Une machine hybride offre exactement la même capacité électrique qu’une version entièrement électrique, tout en disposant d’un moteur diesel comme solution de secours », expliquent de concert Van den Heuvel et Van Haut avec enthousiasme.
Des efforts en matière d’électrification du matériel roulant sont accomplis tant aux Pays-Bas qu’en Belgique, bien que la vitesse de mise en œuvre et les mécanismes d’incitation diffèrent d’un pays à l’autre. Ce n’est un secret pour personne que les Pays-Bas sont en avance dans ce domaine, notamment grâce à un système de subventions et à une pression accrue de la part des autorités publiques en vue de l’électrification des chantiers. Marc Timmerman, directeur chez Van den Heuvel : « Nous constatons actuellement un ralentissement dû à une surcharge du réseau électrique. Mais je m’attends à ce que le marché néerlandais continue d’évoluer, notamment grâce à des incitants supplémentaires de la part des pouvoirs publics. » La Belgique progresse de son côté aussi, mais à un rythme plus mesuré. « Nous avons plusieurs années de retard en Belgique, mais le parcours est similaire. Cette année, je m’attends à ce que le gouvernement introduise des mesures incitatives qui pourraient donner un coup d’accélérateur à l’électrification », déclare Dries Van Haut, directeur général de Van Haut et président de SIGMA, l’association professionnelle des importateurs d’engins de chantier.
Les machines entièrement électriques gagnent donc du terrain, mais se heurtent encore souvent à des obstacles pratiques, comme la dépendance à l’infrastructure de recharge. « Sur beaucoup de chantiers, l’accès à l’électricité est restreint, voire inexistant », explique Marc Timmerman. « Une machine entièrement électrique ne peut pas fonctionner sur ces chantiers, ce qui entraîne des temps d’arrêt et une perte de productivité. C’est pourquoi je suis convaincu que l’hybride constitue une alternative particulièrement intéressante. Les machines hybrides sont, par essence, entièrement électriques, mais disposent d’un moteur diesel stage V comme solution de secours. Ce moteur n’est utilisé qu’en cas d’urgence, par exemple en cas de panne de courant ou lorsque le travail doit se poursuivre pendant la nuit. Il s’agit là d’une différence fondamentale par rapport aux voitures particulières hybrides, où le moteur diesel “doit” prendre le relais après seulement 50 à 60 kilomètres. »
Dries Van Haut souligne que l’hybride n’est pas une étape transitoire, mais une extension à part entière de l’offre existante. « Pour les entrepreneurs, cela abaisse considérablement le seuil d’accès à l’investissement dans une flotte plus durable. Opter pour une machine hybride permet, d’une part, de répondre aux exigences des appels d’offres durables et, d’autre part, de s’assurer que la machine reste opérationnelle sur des chantiers dépourvus des installations nécessaires pour fonctionner à l’électricité. En d’autres termes, cette machine peut également être utilisée sur des chantiers sans alimentation électrique. C’est là que le moteur diesel entre en jeu et permet de réaliser des économies de carburant de près de 30% par rapport à une machine entièrement diesel. Le résultat : un gain considérable en flexibilité. Chez Van Haut, nous suivons avec une grande attention les efforts entrepris par Van den Heuvel. Et c’est à nous qu’il revient ensuite de transposer cette approche en Belgique, en fonction des besoins spécifiques des clients et de la situation actuelle du marché. Nous ouvrons ainsi de nouvelles perspectives de marché pour les constructeurs. »
Une des premières grues hybrides mises sur le marché a été récemment mise en service par l’entreprise de construction Cordeel pour un projet aux Pays-Bas. « Les premiers retours sont extrêmement positifs », rapporte Marc Timmerman. « La machine peut fonctionner électriquement pendant 10 à 12 heures sans recharge, ce qui va même au-delà de nos attentes. »
Au-delà du développement technologique, la formation des opérateurs est également cruciale. « Nous ne nous contentons pas de livrer les machines, nous proposons également des formations », explique Marc Timmerman. « Les opérateurs doivent apprendre à travailler en mode électrique, à gérer les batteries et à maîtriser les spécificités de ces machines. » Et Dries Van Haut d’ajouter : « Les vibrations et le bruit sont réduits au minimum, ce qui améliore le confort du conducteur. De plus, la vitesse de réaction de la machine est même supérieure à celle d’un modèle diesel. Tout comme Van den Heuvel, Van Haut attache une grande importance au service après-vente ou après-location. La formation en fait partie intégrante. Et cela passe aussi par la création d’un véritable état d’esprit. Pour donner un exemple, une grue consomme le plus d’électricité lorsqu’elle est en mouvement. Il est donc essentiel d’organiser le travail de manière à limiter les déplacements au strict minimum. »
Van den Heuvel et Van Haut sont formels : miser sur des engins de chantier hybrides offre aux entrepreneurs et aux maîtres d’ouvrage la possibilité de travailler de manière plus durable, sans compromettre la flexibilité et l’efficacité. Avec de bonnes mesures d’incitation et des développements supplémentaires, cette technologie peut jouer un rôle crucial dans la poursuite de l’électrification du matériel de chantier. « Et ceux qui veulent se forger une opinion concrète avant de réaliser des investissements conséquents peuvent louer une grue électrique auprès de Van Haut ou de Van den Heuvel afin de découvrir par eux-mêmes le confort et la facilité d’utilisation », conclut Dries Van Haut.