Quand le bois chambre le PVC et l’alu

Les atouts d’un matériau naturel et renouvelable, combinés à 55 ans d’expérience et à une fabrication 100% belge, voilà en quelques mots le portrait de la Menuiserie Riche (Mariembourg), fabricant de châssis et de portes en bois et bois-aluminium. Bruno Riche, Administrateur délégué, est fier de ses produits, dont il défend bec et ongle les avantages par rapport aux autres matériaux.

Jusqu’au début des années 90, le bois dominait le marché en volume. Puis est arrivé le PVC, avec comme arguments le prix et l’absence d’entretien. L’aluminium a suivi, s’adressant plutôt aux projets d’envergure à l’archi­tecture contemporaine. Depuis, tout comme les autres matériaux, le bois a évolué, pour devenir gagnant sur tous les plans. Le problème est que le marché semble encore en grande partie l’ignorer… La menuiserie bois est souvent le fait de petits artisans, qui ne font pas vraiment le poids en termes de communication face aux géants du PVC et de l’alu.

Pourtant, la demande pour des matériaux durables et écologiques est en hausse. La réglementation énergétique des bâtiments évolue lentement mais sûrement vers une réglementation environnementale globale, incluant notamment les rejets de CO2. Avec une empreinte carbone particulièrement faible, le bois est le meilleur choix dans le cadre de la construction durable. De nombreux architectes, en particulier les jeunes générations, commencent à réenvisager l’utilisation de ce matériau naturel dans leurs projets. 

Des produits mono-matériaux aux qualités uniques

Bruno Riche lance la discussion : « Tout le monde aime le bois, pour sa chaleur et son esthétique. Sauf quand il s’agit de châssis… Pourtant, le bois est le matériau qui se dilate le moins. Mettez en plein soleil une porte d’entrée en aluminium noir ou équipez votre véranda de grands coulissants en PVC… et voyez ce qui se passe ! » Pour contrecarrer ce défaut, les fabricants PVC et alu ont imaginé des châssis de plus en plus épais, avec une multitude de chambres et des barrettes en polyamide qui font les liaisons avec des noyaux isolants intégrés ainsi que des renforts en acier pour plus de rigidité. Face à cette débauche de moyens hybrides aussi coûteux que performants, le bois possède à lui seul toutes les caractéristiques intrinsèques requises pour d’excellentes performances en termes d’étanchéité à l’air, d’isolation thermique et acoustique.

Des châssis à rénover plutôt qu’à jeter

Tout matériau s’altère au fil du temps. Il faut cependant ne pas confondre bois de bardage, qui se dégrade au fil des ans parce que généralement non entretenu, et bois de menuiserie, qui est encadré et protégé des affres du temps par un système de finition, à entretenir tous les 10-15 ans. Là où un châssis PVC ou alu décoloré au bout de 20 ans doit être remplacé, un châssis en bois peut aisément être réparé, repeint dans la même couleur… voire dans une autre afin de l’adapter au goût du jour. Un moyen complémentaire de prolonger la durée de vie des châssis bois, et seulement eux, est d’en remplacer le vitrage par un nouveau, nettement plus performant tout en restant aussi fin que l’ancien. Récemment, l’UCL a ainsi pu rénover plus de 600 vieux châssis en bois.

Cette « rénovabilité » du châssis bois offre un niveau de durabilité nettement plus élevé que le simple recyclage de l’alu ou du PVC. Nathalie Lebrun, Communication et Sustainability Manager : « Lors de l’analyse de cycle de vie, nous avons pu démontrer une durée de vie de 60 ans pour nos châssis, soit le double de celle reprise en standard dans Totem. »

Travail sur mesure

La Menuiserie Riche vise aussi la belle restauration dans des quartiers où les façades sont protégées, que ce soit à Lille, Bruxelles ou ailleurs. Il n’y a pas mieux que le bois pour s’adapter aux caractéristiques esthé­tiques du patrimoine : codes couleurs, moulures, … voire récupération d’élé­ments de ferronnerie, de vitraux, … tout est possible avec le bois.

L’entreprise de Mariembourg est tout autant capable de livrer de petites quantités pour de la rénovation très spécifique que des quantités importantes pour de gros chantiers, avec un délai respecté, grâce notam­ment à la digitalisation.

Donner confiance pour redonner l’envie

Bruno Riche poursuit : « Dès 1983, nous avons été le premier fabricant belge à produire nos fenêtres à partir de bois lamellé-collé, ce qui a permis de réutiliser des essences locales européennes, abandonnées au profit d’essences exotiques parce que trop complexes à travailler en massif vu la taille modeste de nos grumes. Aujourd’hui, nous fabriquons nos châssis avec 40% de bois européen pour 60% de bois d’importation, labellisé PEFC. »

Pour ses fenêtres bois et bois-alu­minium avec assemblage à micro-denture, la Menuiserie Riche a obtenu le label « produit biosourcé » ainsi que des Déclarations Environnementales de Produit, ce qui lui ouvre les portes de certains projets via une présence dans des bases de données françaises et belges.

Fort de toutes ses qualités, le bois s’affirme en effet comme un matériau du futur, même pour les menuiseries extérieures. Il demande peu d’énergie pour sa transformation, toute la filière est disponible localement et le matériau est gagnant sur tous les plans. Mais seul un expert bois peut tirer le meilleur du matériau, qui se décline en de nombreuses essences, chacune affichant des performances spécifiques en matière de durabilité, de performance thermique, de sécu­rité, de performance acoustique, … Chaque essence a donc ses forces et ses faiblesses, et par conséquent ses domaines d’application.

Et Bruno Riche de conclure : « Pour nous, c’est un combat, une éducation du public à faire, en commençant par les prescripteurs, architectes et bureaux d’études. Lors des journées architectes que nous organisons en commun avec Stabilame, presque tous venaient pour en savoir plus sur la construction bois et la majorité repartaient heureux d’avoir appris autant de choses… sur la menuiserie bois car ils en étaient restés aux châssis bois de papi. »